L’histoire de Landujan ressemble à celle des autres communes de France et surtout de Bretagne. Elle est très liée à la religion catholique et à la noblesse avec un intermède agité au moment de la Révolution (les Chouans partisans de la monarchie étant nombreux dans notre secteur).
L’influence de la religion restera importante jusque dans les années 1960 malgré quelques conflits importants au moment de la loi de 1905 dite de Séparation de l’Église et de l’État et la querelle concernant l’enseignement privé.
Au fil des siècles, le nom de la commune a évolué : on rencontre les appellations suivantes : Landugen (en 1427), Landugean (en 1513), Landujan (en 1516).
Landujan vient du breton "lann" qui veut dire monastère ou ermitage et de saint Tujean, abbé breton. Landujan est un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Médréac. Le nom de cette paroisse semble dire qu'elle fut à l'origine placée sous le patronage de saint Tujean, abbé breton dont on fait la fête en Cornouaille le 1er février ; elle honore cependant comme patron, depuis fort longtemps, saint Tudin, autre solitaire breton, compagnon de saint Corentin, évêque de Quimper au Vème siècle et dont la fête tombe le 9 mai.
St Tudin a une statue dans le chœur de l’église, des reliques à la sacristie et une fontaine derrière l’église, dont l’eau est renommée pour « guérir » les maladies des yeux. C’est le patron de la paroisse.
Landujan possédait un manoir du même nom qui donna naissance à une famille noble, très considérée au moyen-âge, et dont on retrouve fréquemment les membres à la cour des ducs de Bretagne. La seigneurie de Landujan appartient d'abord aux seigneurs de Vitré (XIIème siècle), fondateurs de la paroisse. La paroisse de Landujan est citée au XIIème siècle et appartient alors au Chapitre de Saint-Malo. En 1229, la seigneurie de Landujan passe à la maison de Laval, par suite d'alliances. Plusieurs familles de la commune jouent à travers les siècles un rôle important : les Pontelain, les Bois-Hermé-Tirecoq, les De Botherel, les Du Moulin-Tizon, les de Guéhéneuc et les De Ferron.
C’est ce qui explique que plusieurs chapelles étaient disséminées sur le territoire de la commune : à Léauville, au Moulin de Tizon, au Plessis-Coudray, à Pontelain et aux Rues-Tual : ces 2 dernières n’existent plus. Dans plusieurs secteurs de la campagne, nous trouvons également des calvaires, autant de traces de l’importance de la religion pendant des siècles.
En 1789, dans toutes les paroisses de France (les communes n’existent pas encore), les habitants (1200 à cette date) ont été invités à remplir des cahiers de doléances.
Le 4 Avril 1789 les notables de la commune se réunissent à la sacristie et commencent ainsi le procès-verbal de la réunion : « Pour satisfaire aux ordres de Sa Majesté Bienfaisante (Louis XVI) et à son amour paternel dont tous sont touchés de la plus vive reconnaissance et de sa bonté pour les peuples écrasés sous le poids des impôts, dans la flatteuse espérance que notre Monarque et le ministre zélé qui le seconde dans ce grand ouvrage vont les décharger, nous osons lui présenter nos très soumises et respectueuses remontrances ».
Voici quelques doléances parmi les plus significatives :
« Nous désirons :
- que tous les impôts soient répartis également entre les 3 ordres
- que tous les colombiers soient supprimés car les pigeons mangent les semences et les grains à la récolte
- que la chasse ne soit plus réservée exclusivement aux nobles
- que les corvées en nature soient supprimées…
- qu’il soit permis d’aller au moulin où l’on voudra…
En Juillet 1794 au moment de la Terreur, au Moulin de Tizon, un prêtre réfractaire l’abbé Tostivint né à Landujan, curé d’Evran, mais qui se cachait dans ce lieu fut dénoncé, arrêté et guillotiné à Rennes ainsi que ses protecteurs M. et Mme de Bédée.
Sous la monarchie, les nobles étaient très puissants et possédaient une bonne partie des terres mais les « châtelains » landujannais conserveront leur pouvoir tout au long de la 3ème république : Paul de Guéhenneuc du Château du Plessis-Coudray fut maire de Landujan et Conseiller Géneral du Canton à la fin du XIXème.
Son fils Henri de Guéhéneuc resta maire de 1903 à 1944.
A la même époque Yves de Ferron du château de Léauville était adjoint au maire, et l’on peut même ajouter Charles de Botherel de La Chapelle mais également propriétaire du Château de Maroc qui fut conseiller général de 1901 à 1925.
Ce sont ces familles qui donneront des terrains pour la construction du nouveau presbytère devenu la mairie en 1994 et des écoles privées. Jusqu’en 1960 ces familles avaient des bancs clos réservés à l’église.
Joseph LESVIER
Photos : à gauche Chateau du Plessy Coudray - à droite Chateaude Léauville